Fiche Technique

un fil à la patte
Dates de représentation :
du 04/12/10 au 18/06/11
Lieu de représentation :
à la Comédie Française
Pièce de : Georges Feydeau
Mise en Scène : Jérôme
Deschamps
Casting principal :
Hervé Pierre,
Florence Viala,
Christian Hecq

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Un fil à la patte

 

Qu’est-ce qui pourrait sortir de l’ordinaire comme produit culturel pour quelqu’un de très axé sur les nouvelles technologies comme moi ? Une pièce de théâtre par exemple. Mais attention, restons sérieux, retransmise en direct à la télévision ! Le jeudi 24 Février sur France 2 pour être précis, en direct (pour le premier acte) de la Comédie-Française.

Un fil à la patte est une pièce de théâtre de Georges Feydeau créée en 1893 et représentée pour la première fois au Théâtre du Palais-Royal le 9 Janvier 1894. Cette pièce raconte l’histoire de Bois d’Enghien, amant d’une chanteuse à la renommée grandissante, Lucette, qui cherche par tous les moyens de se séparer de sa maîtresse car il est fiancé à la fille d’une Baronne. Dans le même temps, Lucette se voit courtiser par un général sud-américain à l’accent prononcé et, par un malentendu stupide, par Bouzin, un clerc de notaire maladroit et un peu simplet.

Résumé ainsi, on pourrait croire que la divette est au centre de l’intrigue et pourtant non, ce sont bien les péripéties de Bois d’Enghien que l’on suit tout le long de la pièce. Chaque acte voit le fiancé infidèle redoubler d’ingéniosité pour ne pas être pris sur le fait et échapper tour à tour à l’une ou l’autre des femmes de sa vie. Et bien évidemment, au théâtre, ce n’est jamais très simple de suivre un plan sans accroc.

Chaque acte se déroule dans un décor différent. Le hall de la maison de Lucette pour le premier, la chambre de la fiancée de Bois d’Enghien pour le suivant et la cage d’escalier donnant sur l’appartement de Bois d’Enghien dans le dernier. Les décors sont bien faits et réalistes, et les costumes d’époque aident parfaitement à s’y reconnaître.

La distribution n’est pas en reste, avec une mention particulière pour Hervé Pierre, très crédible en coureur de jupons affairé à masquer ses forfaits à sa fiancée et sa maîtresse, tout en jonglant avec la maladresse de certains autres personnages. On remarque aussi la dualité de Guillaume Gallienne, tour à tour ancien amant de la chanteuse et professeure de chant de la fille de la baronne. Un rôle masculin et un rôle féminin, joué par le même acteur, et parfois dans le même acte ! Sans doute ses talents d’humoriste-transformiste au Grand Journal de Canal + lui ont permis d’obtenir cette distinction.

Mais une bonne partie de l’humour de cette pièce repose sur Bouzin, le clerc de notaire, brillamment interprété par Christian Hecq, qui a même été nommé pour ce rôle à la cérémonie des Molières 2011. Le personnage de Bouzin est caricatural au possible et le contraste qu’il forme avec les autres personnages crée cette ambiance particulière et surtout donne tout le potentiel comique du personnage. Je tiens aussi à signaler la performance de Thierry Hancisse quant à son accent, plutôt crédible.

Côté actrices, on retiendra surtout la pétillante voire exubérante Florence Viala dans le rôle de Lucette, qui brille dès les premières répliques de la pièce et garde tout son charisme au fur et à mesure de son déroulement. Son véritable coup d’éclat sera vraiment au deuxième acte, lorsqu’elle réussit à manipuler Bois d’Enghien au point que le pot aux roses soit dévoilé. Et puis, après tout, après tout, c’est le second personnage principal.

Que conclure du fil à la patte une fois le rideau tombé ? Que c’est une pièce intemporelle que seuls les costumes permettent de situer à une époque précise. Que Jérôme Deschamps a su exploiter tout le potentiel comique de ses acteurs sans frôler la caricature facile, là où Bouzin est une caricature maîtrisée. Que n’importe qui passerait un bon moment devant cette pièce fraîche et sans prétention. Et qu’enfin, après tout, elle mérite bien tout le succès qu’elle a eu jusqu’ici.

Un fil à la patte, est une œuvre théâtrale immanquable, qui a su plaire à trois metteurs en scène de cinéma et su fidéliser à quatre reprises le public de la télévision. Eh bien, pour quelqu’un qui n’est pas passionné par le théâtre comme moi, j’ai été agréablement surpris.