Fiche Technique

social network
Sortie en salle : le 13/11/10
Réalisateur : David Fincher
Distributeur : Columbia
Scénario : Aaron Sorkin
Musique : Trent Reznor
Casting principal :
Jesse Eisenberg,
Andrew Garfield,
Justin Timberlake

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The Social Network

 

Lorsque j’ai appris que David Fincher, génial réalisateur de Seven et Fight Club entre autres, réalisait un film sur Facebook et son créateur Mark Zuckerberg, j’ai senti qu’il y avait anguille sous roche. Comment un réalisateur spécialisé dans les thrillers travaillés et glauques avait-il pu s’intéresser à ce phénomène ? C’est avec un à priori négatif, renforcé par mon aversion pour le personnage de Zuckerberg, que je suis allé voir The Social Network.

Ce film, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, ne se concentre pas sur les dérives et méfaits liés à Facebook, mais sur le personnage de Zuckerberg et sur la naissance de ce qui s’appelait au début The Facebook. De l’élaboration du site Internet au double procès opposant l’ancien étudiant d’Harvard à son meilleur ami et aux jumeaux l’ayant commandité, Fincher retrace le parcours d’un génie incompris et détestable.

Outre le synopsis, très bien travaillé et réservant quelques surprises, le casting est une des principales forces de The Social Network. Jesse Eisenberg tout d’abord, très crédible en génie mal dans sa peau, asocial et en manque de reconnaissance, crève l’écran avec son discours cadencé et son visage de tête à claque. Il a réellement su faire du personnage de Zuckerberg une personne influençable et détestable qui s’accroche à un désir fugace qui ne se réalisera jamais. Il aurait été étonnant que l’Académie des Oscars ne l’ait pas retenu dans la catégorie meilleur acteur.

À côté de lui, tout aussi remarquable, Andrew Garfield, touchant en meilleur ami délaissé, nominé dans la catégorie second rôle aux BAFTA et aux Golden Globes. Il est actuellement à l’affiche de Never Let Me Go et je ne peux m’empêcher de préciser qu’il sera le nouveau Spiderman, à l’écran en 2012. Enfin, Justin Timberlake, chanteur, danseur et finalement acteur convaincant dans le rôle de Sean Parker, celui qui a fait de The Facebook un produit marketing de renom. Un rôle de composition pour lui, qui a su me faire oublier le peu de crédibilité que je lui accordais en tant que comédien. Chapeau !

Le film en lui-même ne manque pas de points positifs. La réalisation est léchée, les jeux de lumière bons voire très bons et le découpage scénaristique, même s’il ne suit pas la chronologie des événements, évite d’être brouillon. Le spectateur n’est donc pas perdu, ce que l’on peut craindre généralement de ce genre de montage. J’ai également apprécié la scène servant de générique, qui nous rappelle brillamment, sans mettre de mots dessus, qu’Harvard est une véritable ville dans la ville. Elle permet aussi de reprendre son souffle après une scène d’introduction assez étouffante par sa complexité et le débit de parole d’Eisenberg (ici, son doubleur français).

La maestria de Fincher s’exerce avant tout dans la troisième scène du film, lorsque Zuckerberg crée son site de comparaison entre filles. L’efficacité de la narration alliée au montage, qui arrive à rester digeste, font de cette séquence un grand moment de cinéma, ainsi qu'une façon très efficace d’expliquer et montrer la mentalité et la personnalité du fondateur de Facebook. C’est vraiment à ce moment là que l’on comprend le sujet du film : un film sur le fondateur de Facebook et non sur Facebook.

Et c’est là qu’est toute la différence, et ce qui rend ce film vraiment intéressant. Qui est Zuckerberg et pourquoi a-t-il créé Facebook ? Pour prouver qu’il était doué ? Parce qu’il a volé un concept ? Parce qu’il jalousait son meilleur ami pour avoir été choisi dans une confrérie très fermée ? Il ne faut pas oublier que The Social Network est adapté d’un autre produit culturel, le roman de Ben Mezrich The Accidental Billionaires: The Founding Of Facebook, A Tale of Sex, Money, Genius, and Betrayal (paru en français sous le titre La revanche d'un solitaire - La véritable histoire du fondateur de Facebook).

Finalement, le film de Fincher est dans le ton, on a bien affaire à une histoire racontée (a tale, un conte en anglais) qui aborde tout autant le sexe, au travers du personnage de Justin Timberlake en particulier, l’argent, moteur des procès impliquant Zuckerberg, le génie, car le jeune homme en reste un et surtout la trahison. Alors qu’à bien y regarder, ces trahisons ne sont pas avérées ou réelles. La première trahison, affichée, est le vol de propriété intellectuelle par Zuckerberg sur l’idée de The Facebook, appartenant aux frères Winklevoss et Divya Narendra. La seconde n’apparaît que pour Zuckerberg qui voit en l’entrée d’Eduardo Saverin dans la fameuse confrérie un abandon et un manque de loyauté.

Du coup, comment interpréter à la sortie de The Social Network l’invention de The Facebook. On peut y voir un opportuniste se sentant trahi par son meilleur ami cherchant à créer quelque chose d’assez innovant et retentissant pour attirer à nouveau l’attention de la fille qu’il aime. Je ne vous en avais pas parlé ? Peut-être parce qu’on l’oublie facilement, alors que cette demoiselle est présente dans la première scène et revient parfois, de façon anecdotique, jusqu’à ce que Zuckerberg comprenne qu’il ne la reconquerra jamais.

Pour conclure, nous pouvons assurer que The Social Network est un très bon thriller judiciaire, parlant tour à tour d’un génie torturé à la morale fluctuante et d’un duo d’amis capable d’aller très loin dès lors que loyauté et argent rentrent en jeu. Un film qui méritait bien David Fincher derrière la caméra et les nominations qu’il a reçu à travers le monde. On terminera en se rappelant qu’il a remporté trois oscars dont celui de la meilleure musique.