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Indignez-vous !
Il est des surprises que l’on attend pas, comme ce petit livre offert innocemment en guise de cadeau d’anniversaire. Indignez-vous ! a été le best seller de la fin de l’année 2010 et quelqu’un a jugé bon qu’il figure dans ma bibliothèque et donc, par extension, dans mon carnet culturel.
Intriguez-vous, devrais-je commencer par dire. En effet, qu’est-ce donc qu’Indignez-vous ! ? Il s’agit d’un essai de Stéphane Hessel, ancien résistant et détenu des camps de Buchenwald et de Dora. Il a aussi contribué à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, a été nommé Ambassadeur de France et a reçu la Légion d’Honneur.
À 93 ans, il a offert à Indigène Éditions, petite boîte sans prétention, d’éditer son essai de 14 pages portant sur l’indignation comme moteur de la rebellion et l’insurrection. L’idée est intéressante, le livre n’est pas bien épais, écrit plutôt gros et coûte peu cher. Concrètement, c’est un livre que l’on peut placer entre toutes les mains.
Petit aparté, je parlais en préambule du carton qu’il a fait à la fin de l’année 2010, il est intéressant de savoir que de nombreuses boutiques ne vendant pas de livres, ou en tout cas d’essais de ce type, ont tout de même acheté leurs propres exemplaires afin de surfer sur la vague de ce succès. J’en veux pour preuve la librairie Mille Sabords à la Rochelle, spécialisée dans la bande dessinée, les mangas et les comics.
Concrètement, que penser de Indignez-vous ! ? Stéphane Hessel pose bien les bases de sa réflexion en revenant sur son expérience pendant la Seconde Guerre Mondiale, expliquant ses actes de résistance au travers de l’indignation. Son découpage en petits chapitres de deux pages crée en plus une dynamique qui permet de bien suivre son propos, ce qui, outre la longueur, permet une lecture confortable et agréable.
Mais le propos en lui-même, quel est-il ? C’est là que le bât blesse selon moi. Étant clairement visé comme la cible de cet essai, je ne me suis pas pour autant senti concerné. Non parce que m’indigner ou me révolter ne m’intéresse pas, mais plus parce que, si Hessel justifie très bien la nécessité de s’indigner, demain comme aujourd’hui, il ne donne pas pour autant d’indices sur les moyens à utiliser.
Du coup, Indignez-vous ! se transforme en Frustrez-vous !. Car au final, si l’on regroupe l’essai, la postface de l’éditeur et la quatrième de couverture, le lecteur a en main les raisons de s’indigner et contre quoi le faire, mais il n’en a pas pour autant les outils. D’où l’idée de frustration. Effectivement, l’actualité nous pousse fréquemment à nous indigner, à nous révolter. Mais jamais nous n’avons réussi à marquer cette indignation comme ce fut le cas lors de la Seconde Guerre Mondiale avec la Résistance.
La suite ne doit pas pour autant être écrite, elle doit venir de ceux qui auront compris le message et sauront comment agir. Cela n’en fait pas pour autant une mauvaise lecture, non. Je pense que n’importe qui devrait lire au moins une fois cet essai. Et étant donné son grand succès, demandez autour de vous si vous ne pouvez pas l’emprunter.