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La saga Assassin's Creed
En intégrant un jeu vidéo, et plus précisément une série de jeux vidéo, à mon carnet culturel, j’aborde directement la question de savoir si un jeu vidéo est un produit culturel.
Bien évidemment que oui ! Et je ne dis pas ça pour jouer les fervents défenseurs d’un média populaire mais bien en tant que personne convaincue que certains jeux se placent comme des œuvres culturelles allant au-delà du simple loisir virtuel. Des jeux comme Super Mario ou Zelda sont devenus de véritables références, tandis que des séries comme Metal Gear Solid ou Final Fantasy abordent souvent de vrais questions profondes sur la nature humaine.
Qu’en est-il d’Assassin’s Creed en tant que produit culturel ? La série des Assassin’s Creed raconte l’histoire de Desmond Miles, un jeune homme qui, en 2012, est utilisé par une grande compagnie industrielle pour explorer sa mémoire génétique. C’est à dire qu'au travers de son ADN, il va revivre le passé de ses ancêtres. L’idée est originale, propre au domaine de la science-fiction, mais permet d’aborder l’histoire d’un point de vue inédit.
Dans le premier volet, Desmond habite le corps d’Altaïr, un Hashishiyûn, un assassin d’une secte indépendante de tout pouvoir politique au temps de la Troisième Croisade. Dans le second volet et sa suite directe baptisée Brotherhood, le joueur incarne Ezio Auditore, un florentin dont la famille est victime de la lutte entre la famille Pazzi et les Médicis, dans la seconde moitié du 15ème siècle.
Le grand intérêt de la série des Assassin’s Creed, c’est son côté fiction spéculative, c’est à dire prendre de vrais pans de l’Histoire et les combiner à des éléments purement fictionnels, comme les reliques d’Eden ou l’idée d’une conspiration commune entre des croisés et des sarrasins (Assassin’s Creed). Mais ce qui frappe vraiment, c’est le souci du détail que les développeurs ont eu dans la création des jeux.
Cela devient vraiment flagrant avec Assassin’s Creed 2 qui donne à visiter tour à tour Florence, Monteriggioni, San Gimignano, Forli et enfin Venise. Chacune de ces villes a été fidèlement reproduite, à tel point que les monuments sont accompagnés de fiches descriptives expliquant leur histoire. Récemment, un document vidéo a été réalisé par Ubisoft Montréal, le studio de développement, comparant les monuments dans le jeu avec ce à quoi ils ressemblent aujourd’hui.
Mais il n’y a pas qu’au niveau de la reproduction fidèle que les Assassin’s Creed se distingent. Les scénarii intègrent de vrais personnages historiques dans des scènes réalistes, au cœur de l’intrigue. Là encore, l’écart entre le premier et le deuxième opus est flagrant. Dans Assassin’s Creed 2, Desmond, au travers de son ancêtre Ezio, revit la conjuration des Pazzi, vaste complot visant à détrôner les Médicis de Florence, ainsi que la montée au pouvoir du cardinal Rodrigo Borgia, tristement célèbre (et actuellement sur petit écran aux Etats-Unis, avec Jérémy Irons dans le rôle principal).
Dans Brotherhood, ce sont les événements du roman le Prince de Machiavel que l’on nous donne à revivre, adaptés à l’intrigue générale évidemment. Secondé par Machiavel, Ezio affronte cette fois Cesar Borgia, fils de Rodrigo, qui exerce son pouvoir implacablement sur Rome. Enfin, dans ces deux opus, Ezio se voit assisté de Leonard de Vinci, encore jeune, et de ses inventions comme l’aile volante mais aussi le char (reconstitué dans sa villa d’Amboise) ou le canon incendiaire pour bataille navale.
Grâce à une jouabilité assez libre et intuitive, le joueur revit ces événements avec un intérêt constant. Visiter les entrailles du Colisée, affronter la garde de Richard Cœur de Lion ou chasser Jérôme Savonarole de Florence sont des plaisirs inédits qui, grâce à cette juste documentation et cette fidèle reproduction, emportent dans une expérience historique prenante dont il est difficile de se détacher.
Si certains crieront au déjà vu avec cette histoire de complot mondial façon Illuminati et New World Order, c’est plus l’incarnation d’un assassin du passé et le contexte autour qui donnent sa richesse au jeu et au scénario. Et l’expérience ne s’arrête pas aux consoles de salon (les Assassin’s Creed sont disponibles sur PS3, Xbox 360 et PC). En complément à Brotherhood, Ubisoft propose un mini-jeu de gestion sur Facebook qui encore une fois prouve la recherche historique faite par les scénaristes. Au programme, la bataille d’Agnadel en 1509, l’envoi de Beagle 2 sur Mars ou le massacre de Tenochtitlan par les conquistadores en 1520.
C’est définitivement cet aspect historique des Assassin’s Creed qui me plaît chez eux. C’est la première fois qu’un jeu me pousse à replonger dans mes cours d’histoire et à chercher des informations sur tel ou tel monument, sur telle ou telle ville ou sur tel ou tel personnage. En soi, la série de jeu Assassin’s Creed crée chez le joueur curieux une démarche culturelle. Et je crois qu’on tient là la grande force de cet univers, manette en main.